Dans le département de la Grande ’Anse, un projet de l’OIM (l’Organisation Internationale pour les Migrations)  financé par la Direction Générale de la Protection Civile et des Opérations d’Aide Humanitaire Européennes (ECHO) et l’Agence Suédoise de Coopération Internationale pour le Développement (Sida) permet de réparer les dégâts occasionnés par l’ouragan Matthew sur les toitures et de former des charpentiers aux techniques de constructions para-cycloniques. Nous avons rencontré Renaud alors qu’il réparait la maison d’Illusse à Dame Marie.

Dame Marie, département de la Grande Anse, Haïti, 13 juin 2017, Renaud travaille sur un toit. Casquette vissée sur la tête, il martèle la tôle, concentré. En contrebas, Illusse, 55 ans, commerçante,  mère de 8 enfants et grand-mère de 4 petits-enfants l’observe en souriant. Dans 4 jours, la toiture de sa demeure sera neuve. Il y a 8 mois lorsque l’ouragan Matthew[1] s’est abattu sur la localité de Dame Marie, la maison d’Illusse a été fortement endommagée.

Lesly Noel, 12 ans, l’un des petits-fils d’Illusse se souvient « Un arbre est tombé sur la maison. Nous étions à l’intérieur lorsque cela s’est passé. Le toit a été détruit. Nous avons eu très peur. Le vent soufflait fort. La pluie était violente. Après l’ouragan, nous nous sommes déplacés au lycée professionnel. Nous y sommes restés un mois avant de revenir ici. »

Illusse a reçu l’un des 819[2] kits de réparation[3] pour toiture distribué à ce jour « L’OIM  m’a donné de la tôle, du bois, des clous et des fils à ligatures pour réparer ma toiture ».

Ce projet cofinancé par Direction Générale de la Protection Civile et des Opérations d’Aide Humanitaire Européennes (ECHO) et  l’Agence Suédoise de Coopération Internationale pour le Développement (Sida) permettra à l’OIM et ses partenaires de réparer 1800 maisons dans les sections communales de Dame Marie, Chambellan et Moron  dans le département de la Grande ‘Anse, l’une des zones les plus touchées par l’ouragan Matthew.

Les familles bénéficiaires ont été choisies sur des critères de grande vulnérabilité (toit de l’habitation détruit entre 75% et 100%, situation de grande précarité : famille monoparentale, femmes enceintes, situation de handicap, etc.).

Renaud, le ‘’boss’’ charpentier qui répare la toiture d’Illusse est redescendu au sol. Il coupe à présent de la tôle sous l’œil amusé des enfants du quartier. Renaud est l’un des 220[4] ‘’boss’’ charpentiers formés par l’OIM aux techniques de construction de toitures para-cycloniques. Comme ses confrères, Renaud a également  été sensibilisés les zones à risques qu’il faut éviter pour la construction des maisons, à la protection du travailleur. Il a aussi participé à une visite de terrain qui lui a permis d’observer l’application des techniques apprises.

« J’ai particulièrement appris le marrage carré » explique-t-il, « on place deux bois en croix et on ligature. Je ne construisais pas avec cette technique-là auparavant. Je suis très satisfait et heureux d’avoir suivi la formation donnée par l’OIM. Maintenant, je suis à même de donner de meilleurs conseils à mes clients et de construire des toitures qui résisteront mieux aux prochaines pluies et aux cyclones. Si cela doit arriver à nouveau, nous serons mieux préparés. J’ai appris de nouvelles choses. J’ai envie d’acheter de nouveaux outils plus perfectionnés et de devenir encore meilleur »,  explique ce père de 4 enfants.

Avant l’ouragan Matthew, les charpentiers avaient pour habitude de construire et réparer sans respecter les normes parasismique et para cyclonique. ”Au passage de Matthew, les maisons se sont effondrées  comme des châteaux de cartes. Nous ne voulions pas que ces maisons soient reconstruites avec les mêmes techniques. Nous avons donc formés des charpentiers comme Renaud. Nous les sensibilisons aussi pour qu’ils diffusent le savoir qu’ils ont acquis lors de la formation. Les charpentiers que nous avons formés ne travaillent pas uniquement à Dame Marie, ils ont des clients et des collègues à Hanse D’Hainault, Les Anglais, Les Irois, des zones très fortement endommagées par l’ouragan.

N’importe quel boss de la région possédant ces connaissances sera à même de réparer les toitures en respectant les normes  car nous utilisons des techniques accessibles à tout le monde et des matériaux locaux’’, explique Evens Mesidor point focal et ingénieur projet Réparation toiture à l’OIM.

Dans le cadre de la coordination du groupe de travail Shelter Haiti, l’ OIM et ses partenaires continuent de dispenser les formations dans le département de la Grande’Anse. 50  charpentiers ont été formés aux Abricots, 20 à Jeremie. 100 boss recevront la formation à Moron/Chambellan et 100 de plus à Beaumont dans les prochains mois.

Histoire et crédits photos de Julie Harlet, OIM Haïti

[1] Le 4 octobre 2016, un ouragan de catégorie 4 s’abattait sur Haïti. En traversant les départements de la Grand ‘Anse, du Sud et des Nippes, Matthew a provoqué des dommages majeurs aux cultures, aux maisons, aux écoles et à d'autres infrastructures. On estime que 2,1 millions de personnes ont été touchées par l'ouragan. Parmi celles-ci 1,4 million de personnes ont besoin d'aide humanitaire (OCHA). Les données recueillies par le SNGRD via la Direction de la protection civile (DPC) estiment que 103 907 logements ont été détruits, 99 975 ont été fortement endommagés, 11 500 ont été légèrement endommagés, et 21 500 inondés.

[2] Nombre de kits distribués au 24 mai 2017.

[3] Ces kits de réparations contiennent : 8 Tôles, 14 bois 2x4x16,0.35 kg clous 3’’1/2 ; 0.9 kg clous 3’’ ;0.5 kg clous 2’’1/2 ;0.25 kg clous de tôles  2’’1/2 ).

[4] Nombre de boss formés au 24 mai 2017.

SDG 3 - Good Health and Well Being
SDG 11 - Sustainable Cities and Communities
SDG 17 - Partnerships for the Goals