Histoire
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  • Gaby SAGET | Senior Communication assistant

Depuis 2021, l’OIM collabore avec l’Initiative Citoyenne pour les Droits de l’Homme (ICDH), une organisation locale de défense et de promotion des droits humains afin d'aider 1650 personnes à obtenir des documents essentiels à leur identité. Le Projet d’assistance légale mis en œuvre par l’ICDH cible deux groupes de déplacés : les victimes du tremblement de terre qui a secoué la presqu’ile Sud Haïti le 14 aout 2021 et celles fuyant la de violence des gangs à Port-au-Prince. Ce projet est financièrement supporté par le Central Emergency Respond Fund (CERF) et l’Union Européenne à travers le projet ECHO.

 

Les bandes armées font régner la terreur depuis quelques années. Les quartiers pauvres sont la cible régulière d’attaques meurtrières. Terrorisés, des milliers de familles abandonnent leur foyer se réfugiant dans des sites spontanés.  L’OIM compte 50 sites de déplacés au mois décembre dans la capitale haïtienne. Sur l’ensemble des personnes recensées 115, 674 ont pu s’installer dans des familles d’accueil, 39,492 vivent encore dans ces espaces dépourvus d’infrastructures sanitaires. Gina Jean-Louis, travaille depuis sept ans pour l’ICDH comme agent de protection à Port-au-Prince.

« La plupart de ces camps sont situés à proximité des zones à risque. Travailler sur ces sites demande beaucoup de préparation : logistique et mentale. Tours les jours, il faut calculer les risques, se préparer à toute éventualité, être déterminée et motivée.

Dans les sites les gens sont méfiants et ne se confient pas tout de suite. Mais je comprends leur attitude, c’est une réaction normale et fréquente pour des personnes qui viennent de vivre des situations difficiles. Certains ont perdu des membres de leur famille ou des proches et d’autres ont assisté impuissant à l’incendie de leur maison. Ce sont des traumatismes qui marquent une personne à vie et je suis contente d’être là pour eux, d’être une oreille attentive et de pouvoir leur venir en aide.

Il faut être patient et rester positive dans mon travail. L’écoute est l’étape initiale, pour instaurer une relation de confiance avec les personnes déplacées. Je leur explique le but de ma présence et ma mission. Une fois que le contact est établi, mon travail peut démarrer.

Chaque personne à une histoire personnelle. Dans la précipitation, certains ont perdu leurs effets personnels en cours de route alors que pour d’autres il ne reste plus rien de leur ancienne vie, tout est parti dans les flammes.  Il y a des cas plus difficiles, comme ceux qui n’ont jamais été enregistrés de toute leur vie.  Juridiquement, ces personnes n’existent pas. Ils ne se souviennent même pas de leur date de naissance et hésitent à donner leur âge.

Je dois noter toutes ces informations, chaque détail est utile pour lancer les recherches au niveau des différents bureaux de l’état civile. Cela demande une analyse au cas par cas. Les recherches peuvent aller jusqu’à 30 jours pour récupérer un extrait des archives surtout quand les naissances ne sont pas enregistrées. »

Selon l'ICDH, un tiers de la population haïtienne court le risque d'apatride

Un Engagement personnel et Une contribution citoyenne.

« A la remise de ces documents d’identité, les détenteurs me réservent un accueil chaleureux. C’est réconfortant de savoir que je fais tout mon possible pour aider ces personnes et leur famille.  Voilà ce qui me plait dans mon travail : avoir cette possibilité de faire briller une lueur d’espoir dans les yeux de ces personnes âgées, ces femmes enceintes, ces jeunes et ces enfants.

Ce qui me motive aussi à faire ce métier tous les jours, c’est de pouvoir apporter une contribution positive au milieu de toute cette violence et de lutter contre les discriminations sociales. Faire carrière dans le domaine de la protection des droits de l’homme, c’est aussi une opportunité d’aider à promouvoir l’application des droits de l’homme et de réduire les risques d’apatridie en Haïti.

Le droit à l’identité est un droit fondamental garantie par les lois haïtiennes. Chaque fois qu’un groupe de personnes ont accès à des papiers d’identité grâce à mon travail, j’éprouve alors un sentiment de satisfaction et la certitude de travailler pour un changement de notre société. » 

"Ce qui me plait dans mon travail c'est d'avoir cette possibilité de faire briller une lueur d’espoir dans les yeux de ces gens"