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Les Haïtiens déplacés sont exposés à des risques accrus sur les sites improvisés

Conditions in improvised sites are extremely dire. More than half of them don't have latrines, and where they exist, they fall far below basic hygiene standards. Photo: IOM

Geneve/Port-au-Prince –Le pays d'Haïti est confronté à une crise de protection alarmante. Les risques de protection pour les personnes déplacées internes (PDI) sont exacerbés dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince (MAPAP) et les récentes données de la matrice de suivi des déplacements (DTM) de l'OIM montrent que près de la moitié des personnes déplacées résident désormais dans un site improvisé alors qu’il y a quelques mois, il n'y en avait qu'un quart. En effet, alors que la crise se prolonge, la capacité des communautés à accueillir les personnes déplacées s'érode, exposant les populations déplacées à des risques de protection plus importants, tels que les violences basées sur le genre, communautaire, et sexuelle, la discrimination et les abus. Il est donc essentiel de fournir une assistance aux familles d'accueil et de contribuer à renforcer leur résilience, car elles sont les premières à répondre à la crise.

Deux personnes déplacées témoignent à cet égard, mentionnant que : "Lorsque vous vivez avec quelqu'un, cette personne ne vous respecte pas. En venant [sur le site], malgré nos différences, nous sommes obligés de rester ensemble jusqu'à ce que quelque chose se passe pour nous" et "Je ne me sens pas à l'aise avec [la famille d'accueil] parce que je n'ai pas d'activités. Chaque jour, ils ne me donnent que du pain, parfois avec colère. Je suis obligé de quitter la maison et d'aller à mon église où plusieurs familles se réfugient".

Depuis l'assassinat du président Jovenel Moise, en juillet 2021, la situation du pays en termes de sécurité, de troubles civils, d'instabilité politique et de violence s'est considérablement aggravée. Les gangs contrôlent la majorité de la capitale, Port-au-Prince, ce qui rend difficile l'acheminement de l'aide humanitaire et la fourniture de services. En conséquence, les habitants d'Haïti sont confrontés à de graves risques sécuritaires : plus de 2 000 meurtres et 1 114 enlèvements ont été enregistrés en 2022.

Afin d'informer régulièrement les autorités et les autres partenaires sur la situation des déplacements en Haïti, la Direction Générale de la Protection Civile (DGPC) et la DTM de l'OIM ont réalisé des évaluations de suivi de la mobilité pour collecter et mettre à jour les informations sur le nombre, les profils et besoins des personnes déplacées dans le pays.  Selon la dernière itération de ces évaluations en juin 2023, l'instabilité et l'insécurité ont provoqué le déplacement de près de 200 000 Haïtiens dans le pays, dont 131 000 sont déplacés à l'intérieur de la seule zone métropolitaine de Port-au-Prince (ZMPP).

Yakin Mwanza, chargé du programme DTM de l'OIM en Haïti, a souligné que "les personnes déplacées dans des sites vivent dans des conditions précaires. Plus de la moitié des sites n'ont pas de latrines. Lorsque des latrines sont disponibles, elles ne répondent souvent pas aux normes minimales d'hygiène. Cette situation est très préoccupante si l'on considère que le choléra est toujours présent dans le pays".

"Après la nourriture, l'hygiène et l'assainissement sont les deuxièmes besoins prioritaires exprimés par les personnes déplacées dans ces sites", a-t-il ajouté.

Bien que les personnes déplacées soient principalement concentrées dans la ZMPP, d'autres départements sont également touchés. Les données de la DTM montrent que les départements du Centre et de l'Artibonite accueillent respectivement 29 000 et 22 000 personnes déplacées. "Le département du Centre n'a pas été significativement affecté par la violence, donc presque toutes les personnes déplacées dans ce département sont des personnes qui ont fui la ZMPP. D'autre part, l'Artibonite est la deuxième zone du pays, après la ZMPP, où les incidents d'insécurité sont les plus fréquents. Ainsi, 3 personnes déplacées sur 4 dans l'Artibonite sont originaires d'autres localités du même département, tandis que les autres proviennent de la ZMPP", a déclaré Yakin Mwanza.

Les effets d'un État chroniquement fragile sont davantage aggravés par un déclin économique prolongé et des tensions sociales y liées. Le dernier mouvement de justice populaire appelé "Bwa Kalé", responsable d'un nombre important de lynchages sans discrimination, génère un climat de suspicion et de peur parmi les différentes communautés à un moment où des mécanismes de solidarité doivent être promus.

En plus de la situation de déplacement dans la capitale, près de 93 000 Haïtiens ont été rapatriés depuis les pays voisins depuis janvier 2023 (République dominicaine et îles Turques et Caïques principalement), ayant souvent des besoins immédiats d'assistance humanitaire et de protection, ayant fait face à divers risques pendant leur voyage et/ou à leur arrivée, et souvent sans aucun document d'identification, ce qui crée des obstacles supplémentaires à leur réintégration dans les communautés d'origine et à la réception des services sociaux. En outre, d'après les entretiens menés avec 3 330 migrants rapatriés, 22 % d'entre eux étaient des PDIs avant de quitter Haïti, d'où l'importance de répondre aux besoins des personnes déplacées avant qu'elles ne tentent de quitter le pays en empruntant des voies de migration irrégulières et peu sûres.

Malgré ces difficultés, l'OIM et ses partenaires continuent à fournir des services de protection et une assistance humanitaire aux personnes déplacées et aux migrants rapatriés, notamment par la fourniture de nourriture, d'eau, de soins de santé primaires, de soutien psychosocial, d'abris, et par la distribution d'articles d'hygiène personnelle, de lampes solaires, d'ustensiles de cuisine et d'autres articles de première nécessité. L'assistance fournie par l'OIM a été rendue possible grâce au soutien financier de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et du Bureau des affaires humanitaires (BHA), de la Direction générale de la protection civile et des opérations d'aide humanitaire européennes (DG ECHO), de l'Agence coréenne de coopération internationale (KOICA), de Global Affairs Canada et du United Kingdom Home Office.

On estime que près de la moitié de la population haïtienne - environ 5,2 millions de personnes - a besoin d'une aide humanitaire. L'OIM appelle à un soutien international accru, exhortant les donateurs et les parties prenantes à contribuer à répondre aux besoins les plus immédiats du pays, ainsi qu'à trouver des solutions à long terme. Ceci est d'autant plus urgent que le Plan de réponse humanitaire d'Haïti n'est actuellement financé qu'à hauteur de 25 %. 

Pour plus de détails sur la situation des déplacements et des migrations en Haïti, voir les produits d'information DTM de l'OIM Haïti :

Pour plus d'informations, veuillez contacter

En Geneve: Diego Pérez Damasco, diperez@iomt.int, +41 795 827 235  

En San Jose: Jorge Gallo, jgallo@iom.int, +506 7203 6536 

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