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1Portrait d’une femme haïtienne engagée dans la lutte contre la dégradation de l’environnement en Haïti - Duckencia Fleurival

« Un environnement protégé est le meilleur héritage pour les générations futures »

 

 

1. Pouvez-vous vous présenter et expliquer le travail que vous faites ?

 

Mon nom est Duckencia Fleurival. Je suis spécialisée en gestion et administration des entreprises et en électromécanique. Je suis la Présidente Directrice Générale de la Haïplast Recycling S.A. La Haïplast est une entreprise qui travaille depuis plus de 10 ans dans le recyclage des déchets plastiques en Haïti. La Haiplast a reçu plusieurs prix et distinctions au niveau national et international, pour son implication et son impact positif sur l’environnement et sur la société haïtienne. Notre travail à la Haïplast Recycling S.A. s’effectue à trois (3) niveaux : (i) assurer la collecte à travers le réseau de collecteurs sur le territoire national ; (ii) transformer des matières plastiques collectées ; et (iii) commercialiser les nouveaux produits recyclés sur le marché international et national.

 

2. Quelles sont les raisons de votre engagement dans le domaine du recyclage des déchets plastiques en Haïti ?

 

Haïti est la terre qui m’a vu naître. J’ai grandi en Haïti. J’ai été témoin de l’évolution des modes de consommation en Haïti, notamment l’utilisation massive des emballages plastiques et ses conséquences sur l’environnement. 

Il faut dire que le plastique est un matériau intéressant et utile qui offre de nombreux avantages. Il est léger, étanche, peu coûteux et adaptable à diverses utilisations. Cependant, une mauvaise gestion de ce matériau en fin de vie peut être un désastre pour l’environnement. Alors, je dirais que la recyclabilité est peut-être la propriété la plus intéressante du plastique, puisque le recyclage permet de retirer les déchets plastiques de l’environnement en les réintégrant dans de nouveaux cycles de production, avec des opportunités de création de richesse et d’emplois durables. Dans cette perspective, je dirais que le recyclage est une solution viable pour la gestion des plastiques. C’est même l’avenir du plastique comme matière première (primaire et secondaire) au niveau mondial. Je suis heureuse de m'inscrire dans cette dynamique.

 

3. Votre entreprise, Haiplast Recycling S.A., permet à des centaines de femmes de travailler à travers tout le pays. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Duckencia Fleurival
©Vincent Theodore - Wait That’s Haiti

 

La Haïplast Recycling S. A. a son siège à Port-au-Prince. Mais nous travaillons avec des réseaux de collecteurs actifs sur tout le territoire du pays. La plupart de ces réseaux sont gérés par des femmes. En effet, les femmes haïtiennes sont généralement les piliers de la famille en particulier et de l’économie en général. Nous sommes donc particulièrement heureux de travailler avec ces leaders communautaires féminines et de les appuyer à mieux se structurer et à renforcer

leurs capacités personnelles, professionnelles et institutionnelles.

 

4. Quelle est votre plus grande fierté dans votre travail ?

 

Le marché mondial des matériaux recyclés a connu de nombreux bouleversements au cours des dix dernières années. Dans le même temps, la situation socio-politique en Haïti n’a pas cessé de se dégrader. Ma plus grande fierté est de pouvoir garder la Haïplast comme une entreprise sociale active et fiable pour ses partenaires nationaux et internationaux.
En outre, je suis fière d’apporter une contribution concrète et significative dans la sensibilisation, la formation et l’information sur la gestion intégrée des déchets et le développement d’une économie circulaire en Haïti.

 

 

 

5. Récemment, vous avez contribué à une étude de faisabilité sur le recyclage des déchets plastiques pour l’élaboration d ’un matériau de construction, dans le cadre d’un projet pilote mis en oeuvre par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM)*. Que pensez-vous de cette initiative ?

 

Tout d’abord, je profite de cette entrevue pour réitérer mes remerciements à l’OIM de m’avoir permis de participer à cette étude. Je remercie également mes collègues et associés, Joaneson LACOUR et Jean Michel LACOUR, qui ont également contribué à la réalisation de cette étude. Je remercie enfin toutes celles et tous ceux qui ont participé à des entretiens et à l’enquête sur l’acceptabilité d’un nouveau matériau à base de plastiques recyclés en Haïti.

C’était important pour moi de participer à cette étude, qui m’a permis de relever de nouveaux défis et d’identifier les nouvelles opportunités liés au développement du recyclage des déchets plastiques en général, ainsi qu’à la production et la commercialisation d’un nouveau matériau, réalisé à partir du recyclage des déchets plastiques.

Il a été également intéressant de mettre en relief le fait que le niveau d’acceptabilité de ce matériau peut être différent en fonction du genre et des niveaux de compétences dans les secteurs du recyclage et de la construction. En effet, les femmes en particulier sont plutôt sensibles à l’aspect esthétique et au rapport qualité/prix du matériau, tandis que les professionnels du recyclage et de la construction sont surtout interpellés par la durabilité et l’adaptabilité à différentes fonctions de ce matériau dans la construction.

Par ailleurs, cette étude a mis en perspective de vastes opportunités de recherche, d’innovation, de partenariat stratégique et de développement d’un nouveau modèle d’économie circulaire en Haïti. Je serai honorée de continuer d’apporter ma contribution à la mise en oeuvre de ce projet dont la faisabilité a bel et bien été évaluée et démontrée dans le cadre de l’étude.

 

 

6. Quel message que aimeriez-vous faire passer à la population haïtienne pour lui faire prendre conscience de l’importance de préserver l’environnement ?

 

J’ai plutôt deux messages à faire passer :

a) Un environnement protégé est le meilleur héritage pour les générations futures.

b) Inspirée des cycles naturels, l’économie circulaire participe à l’avenir de l’humanité.

 

*Ce projet, mis en oeuvre par l’OIM en Haïti grâce au financement du Fonds de l’OIM pour le Développement (IOM Development Fund, IDF), vise à contribuer à lutter contre la dégradation de l'environnement en tant que facteur d'incitation à la migration en améliorant l'accès à des solutions de logement durables et sûres grâce au développement d'un matériau de construction innovant et durable et à la gestion des déchets plastiques en Haïti.

 

©Vincent Theodore - Wait That’s Haiti
©Vincent Theodore - Wait That’s Haiti

 

 

 

SDG 13 - MESURES RELATIVES À LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES